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la douleur, aux inquiétudes, aux inutiles tourments d’une vaine affliction ; et votre cœur, toujours fermé aux vices, le sera également à tous les chagrins.

Voilà, sans contredit, le rempart le plus sûr, le seul qui puisse vous soustraire aux rigueurs de la fortune. Mais comme en attendant que vous surgissiez au port que vous promet l’étude, il vous faut des appuis, je veux vous découvrir les motifs de consolation qui vous sont propres. Jetez les yeux sur mes frères. pouvez-vous, tant qu’ils vivront, accuser la fortune ? Tous deux, par la diversité de leurs vertus, charmeront vos ennuis. Gallion est parvenu aux honneurs par ses talents ; Méla les a dédaignés par sagesse. Jouissez de la considération de l’un, de la tranquillité de l’autre, de l’amour de tous les deux. Je connais à fond les sentiments de mes frères ; Gallion recherche les dignités pour vous en faire honneur ; Méla embrasse une vie douce et paisible, pour se vouer tout entier à vous. La fortune vous a heureusement accordé des fils capables de vous aider et de charmer votre vie, vous trouvez un appui dans le crédit du premier, une jouissance dans les loisirs du second. Ils rivaliseront de zèle auprès de vous, et la tendresse de deux fils suppléera à l’absence d’un seul. Oui, je puis hardiment vous l’assurer ; il ne vous manquera que le nombre. Considérez encore les petits-fils que vous tenez d’eux ; le jeune Marcus, cet aimable enfant, dont la présence dissipe les plus noirs chagrins : point de blessure si vive et si récente que ne puissent guérir ses douces caresses. Quelles larmes sa gaîté ne tarirait-elle pas ? quel front, si chargé de nuages, ne s’éclaircirait à ses saillies ? quel caractère si grave ne partagerait