content d’une ruine si complète et si subite, décoches tes traits cruels contre une tête privée de vie ; crois-moi, la nature accorde encore quelque force aux sépulcres : une ombre peut défendre son tombeau. Les dieux mêmes, crois-moi, te parlent aujourd’hui par ma bouche. O Envie ! crois que mes Mânes t’adressent aujourd’hui ces paroles : Le malheur est chose sacrée. Garde-toi d’insulter à mon destin. Toujours la main des sacrilèges respecta les bûchers.
Tes vers sont gonflés d’un venin mortel, et ton cœur est plus noir encore que tes vers. Personne ne peut échapper à ta dent meurtrière, homme, femme, enfant, la vieillesse même, que partout respecte l’outrage. Comme un furieux lance des pierres par toutes les rues, ainsi tu décoches sur le public tes traits malins ; mais, dans sa sagesse, le public sait réprimer les malavisés, et les pierres renvoyées atteignent leur tête exaltée. Sur toi, point de poète qui n’épuise ses traits ; et à ta rage, les Muses, organes du public, opposent leur fureur.
Profitant de ce que le soldat, sans être encore en garde,