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[29] XXIX. Maintenant, je vous prouverai que je ne déserte pas la doctrine des stoïciens : car eux-mêmes ils n'ont pas déserté celle qu'ils professent; et cependant, je serais très excusable, quand je suivrais, non pas leurs préceptes, mais leurs exemples. Ce que j'ai à vous dire, je le diviserai en deux parties. D'abord, j'établirai que l'on peut, même dès le bas âge, se livrer tout entier à la contemplation de la vérité, chercher une manière de vivre, et la mettre en pratique, en se tenant à l'écart. Ensuite, j'établirai qu'après avoir achevé son temps de service, dans un âge avancé, on est, plus que jamais, en droit d'agir ainsi, et de reporter son âme vers d'autres oeuvres : on fait alors comme les vierges de Vesta, qui, partageant leurs années entre les diverses fonctions, apprennent à célébrer les cérémonies sacrées, et quand elles l'ont appris, l'enseignent aux autres.

[30] XXX. Telle est aussi l'opinion des stoïciens, je le démontrerai. Ce n'est pas que je me sois fait une loi de ne rien hasarder contre le dire de Zénon ou de Chrysippe; mais, la nature même de la chose comporte que je me range de leur avis : suivre toujours l'opinion d'un seul, c'est le propre, non pas d'un sénat, mais d'une faction. Plût à Dieu, j'en conviens, que déjà l'on connût tout, et que la vérité, sans voile, fût généralement avouée! Dans les décrets nous ne ferions nul changement : aujourd'hui, nous cherchons la vérité, avec ceux mêmes qui l'enseignent.

Deux sectes principales sont en discord sur ce point, celle des épicuriens, et celle des stoïciens; mais, l'une et l'autre, elles envoient au repos, par des chemins différents. Épicure dit. « Le sage n'approchera point des affaires publiques, à moins