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tous côtés vous transpercent, les uns en faisant des progrès par dehors, les autres en se déchaînant dans vos entrailles mêmes qu’ils embrasent ? Non, les choses humaines, bien que vous connaissiez peu votre situation, n’en sont pas à ce point, qu’il vous reste tant de loisir, et que pour blâmer les torts de gens meilleurs que vous, vous ayez le temps d’agiter votre langue.

XXVIII. « Voilà ce que vous ne comprenez pas, et vous affectez des airs qui ne vont pas avec votre fortune. Ainsi voit-on beaucoup de gens s’arrêter nonchalamment dans le cirque, ou bien au théâtre, lorsque déjà leur maison est en deuil, sans qu’ils aient reçu la nouvelle du malheur. Pour moi, qui d’en haut porte mes regards au loin, je vois quels orages, suspendus sur vos têtes, doivent un peu plus tard crever la nuée qui les recèle ; quels orages déjà voisins, et réunis pour vous emporter vous et votre avoir, approchent plus près encore. Que dis-je ? n’est-ce pas dès à présent*, quoique vous le sentiez peu, un tourbillon, qui fait pirouetter vos âmes, et qui les enveloppe, occupées qu’elles sont à fuir et à rechercher les mêmes choses ; un tourbillon, qui, tantôt les élevant sur de hautes cimes, tantôt les brisant sur de bas écueils, les emporte avec rapidité ? »....

(Lacune.)