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qui traverse tes espérances ; mais souffriront-ils l’accomplissement de tes desseins, les Paul-Émile, les Fabius-Maximus, les Cossus, les Servilius, et cette foule d’hommes de haute naissance, qui ne se parent pas de Tains titres, et dont les portraits peuvent dignement se placer à côté de ceux de leurs ancêtres ? »

Je ne reproduirai pas dans son entier le discours d’Auguste, qui tiendrait trop de place dans cet écrit ; car il est constant qu’il parla plus de deux heures, afin de prolonger cette vengeance, la seule qu’il voulût tirer du coupable. 11 termina ainsi : « Cinna, je te donne la vie une seconde fois : la première, c’est à un ennemi que je l’ai dpnnée ; maintenant c’est à un conspirateur et à un parricide. À dater de ce jour, devenons amis, Cinna ; qu’il s’établisse un combat de loyauté entre moi qui te donne la vie, et toi qui me la dois. » Plus tard il lui conféra spontanément le consulat, en lui reprochant de n’avoir pas osé le demander. Auguste n’eut pas d’ami plus vrai et plus fidèle. Il fut son seul héritier. Personne, depuis cet événement, ne forma de cômplot contre lui.

X. Votre aïeul pardonna aux vaincus : sur qui aurait-il régné, s’il ne leur eût pardonné ? Ce fut dans le camp ennemi qu’il recruta Salluste, puis les Cocceius, les Dellius, et tous ceux qui obtinrent chez lui les premières entrées.

Déjà, par sa clémence, il avait acquis les Domitius, les Messalla, les Asinius, les Cicérons, enfin l’élite de Rome. Combien de temps n’attendit-il pas la mort de Lépide ? 11 lui laissa porter pendant un grand nombre d’années les insignes de la souveraineté, et ce ne fut qu’après sa mort qu’il consentit à ce que la dignité du pontificat lui fût transférée ; il aima mieux