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vant de lui, et s’écrie : « Qu’ont les dieux à démêler avec les hommes ? — Dépêche-toi ! dit Mercure, et annonce notre arrivée. » L’autre aurait voulu faire encore plus de caresses à son patron : Mercure lui commande derechef de se hâter, et stimule sa lenteur à coups de caducée. Plus prompt que la parole, on eût vu voler Narcisse. La pente est rapide et la descente facile : aussi, malgré sa goutte, il arrive en un moment au seuil du palais de Pluton. Là était couché Cerbère, ou, comme dit Horace, le monstre aux cent têtes, s’agitant et secouant son horrible crinière. Narcisse, qui avait fait ses délices d’une levrette blanche, éprouve quelque effroi à l’aspect d’un grand vilain chien noir à long poil, que vous ne seriez nullement flatté de rencontrer dans les ténèbres. Toutefois il éleva la voix pour dire : « Voici le César Claude. » Aussitôt arrivent en battant des mains, des gens qui chantaient :

Nous l’avons trouvé ; réjouissons-nous.

Là étaient C. Silius, consul désigné ; Junius, chef des gardes prétoriennes ; Sextus Trallus, M. Helvius, Trogus, Cotta, Vectius Valens, Fabius, tous chevaliers romains, que Narcisse avait fait conduire au supplice. Au milieu de cette troupe ainsi chantant, était Mnester le pantomime, que Claude, pour l’amour des convenances, avait fait raccourcir. La nouvelle de l’arrivée de Claude ne tarda pas à parvenir à Messaline. On vit accourir les premiers parmi tous les affranchis, Polybe, Myron, Harpocras, Amphéus et Phéronactes, que Claude avait envoyés devant, afin que nulle part le service de sa personne ne lui