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Et d’une audace guerrière
Blesser le Mède au derrière ?
Notre homme était prêt à tout,
De tout il venait à bout.
Pleurons ce nouvel oracle,
Ce grand prononceur d’arrêts,
Ce Minos que par miracle
Le ciel forma tout exprès.
Ce phénix des beaux génies
N’épuisait point les parties
En plaidoyers superflus :
Pour juger sans se méprendre
Il lui suffisait d’entendre
Une des deux tout au plus.
Quel autre toute l’année
Voudra siéger désormais,
Et n’avoir, dans la journée,
De plaisir que les procès ?
Minos, cédez-lui la place,
Déjà son ombre vous chasse
Et va juger aux enfers.
Pleurez, avocats à vendre ;
Vos cabinets sont déserts.
Rimeurs, qu’il daiguait entendre,
A qui lirez-vous vos vers ?
Et vous qui comptiez d’avance
Des cornets et de la chance
Tirer un ample trésor,
Pleurez, brelandier célèbre ;
Bientôt un bûcher funèbre
Va consumer tout votre or.

XIII. Claude se délectait à écouter ses louanges, et il eût bien voulu jouir plus longtemps du spectacle. Mais le Talthybius des dieux, mettant la main sur lui, et lui enveloppant la tête pour l’empêcher d’être reconnu, l’entraîna par le Champ-de-Mars ; puis, entre le Tibre et la voie Couverte, le fit descendre aux enfers.

Déjà l’y avait précédé, par une voie plus courte, Narcisse, son affranchi, pour faire les honneurs à son patron : frais et parfumé comme un homme sortant du bain, il marche au-de-