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mière noblesse ; Crassus, entre autres, qui était assez sot pour mériter aussi le trône.

« Songez, pères conscrits, quel monstre aspire à être admis parmi les dieux. Pourrez-vous donc vous décidera en faire un dieu ? Voyez ce corps formé par la colère des immortels. Mais pour conclure : qu’il prononce seulement trois paroles de suite, et je me constitue son esclave. Un tel dieu, à quel culte, à quelle foi pourra-t-il prétendre ? Enfin si vous communiquez la divinité à de pareilles gens, qui pourra reconnaître la vôtre ? En un mot, pères conscrits, si je me suis comporté honnêtement parmi vous, si je me suis montré poli envers tout le monde, daignez venger mes injures. Voilà mes raisons ; voici mon avis. »

Alors il prit ses tablettes, et lut ce qui suit : « Attendu que le divin Claude a tué le beau-père de sa fille, Appius Silanus ; ses deux gendres, Pompée le Grand et L. Silanus ; le beau-père de sa fille, Crassus, cet homme si sobre, et tout semblable à lui, comme un œuf à un œuf ; la belle-mère de sa fille Scribonie, Messaline son épouse, et tant d’autres dont le nombre est incalculable, mon avis est qu’il soit sévèrement puni, qu’il soit condamné à juger des procès sans relâche, qu’il soit chassé d’ici au plus tôt, banni du ciel dans trente jours, et de l’Olympe dans trois jours. »

Chacun se rangea à cet avis. l’instant le Cyllénien, le saisissant par la nuque, le traîne aux enfers,

D’où nul, dit-on, ne retourna jamais.

XII. En descendant par la voie Sacrée, Mercure demande ce que signifie ce grand concours de monde qu’il aperçoit, et si