bouillantes ; je suis d’avis, qu’à dater de ce jour, le divin Claude soit fait dieu, à tout aussi bon titre que personne avant lui, et que cette décision soit ajoutée aux Métamorphoses d’Ovide. »
Bien qu’il y eût partage d’opinions, Claude paraissait devoir l’emporter. Hercule, qui sait battre le fer quand il est chaud, courait de côté et d’autre, disant : « Veuillez ne pas me faire de la peine ; je prends à cette affaire un intérêt personnel. Dans une autre occasion, s’il en est besoin, je vous rendrai la pareille : une main lave l’autre. »
X. Alors le divin Auguste se leva quand son tour vint de dire son avis, et le fit en fort beaux termes : « Pères conscrits, je vous prends à témoin : depuis que je suis dieu, je n’ai pas dit un seul mot. Jamais je ne me mêle que de mes affaires. Mais je ne puis plus longtemps dissimuler ma douleur, que la honte rend encore plus vive : il faut qu’elle éclate. Est-ce donc pour le misérable que voici que j’ai rétabli la paix sur terre et sur mer ; que j’ai apaisé la guerre civile ; que j’ai, par mes lois, fondé une seconde fois Rome ; que je l’ai ornée de tant d’ouvrages ? Et, pour exprimer ce que je sens, pères conscrits, je ne puis trouver de termes : pas de parole qui réponde à mon indignation. Je ne puis que répéter, après l’éloquent Messala Corvinus, cette belle sentence : Il a coupé les nerfs de l’empire ! Cet être-là, pères conscrits, qui ne paraît pas capable de chasser une mouche, tuait les hommes aussi facilement qu’un chien avale un morceau. Mais que dire de tant de déplorables sentences ? Je n’ai pas le loisir de pleurer sur les malheurs publics quand je porte la vue sur les désastres de ma famille. Aussi,