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On fait sortir Claude ; et Janus est invité à opiner le premier. Ce dieu avait été désigné, pour les calendes de juillet, consul des après-dînées : c’est un subtil personnage ; il peut toujours voir à la fois et devant et derrière. En dieu qui passe sa vie au forum, il dit beaucoup de belles choses que le scribe ne put suivre ; c’est pourquoi je m’abstiens de rapporter son discours, de peur de lui faire dire ce qu’il n’a pas dit. Il s’étendit sur la grandeur des dieux, et soutint qu’il ne fallait pas prodiguer cet honneur. « Autrefois, dit-il, c’était une grande affaire que d’être fait dieu : aujourd’hui vous avez ravalé cet honneur dans l’opinion. En conséquence, pour ne pas paraître voter sur la personne, et non sur la chose, je suis d’avis qu’à dater de ce jour, nul ne soit fait dieu, de tous ceux qui broutent l’herbe des champs ou qui se nourrissent des fruits de la terre. Quiconque, au mépris de ce sénatus-consulte, sera fait dieu, soit en sculpture, soit en peinture, je vote pour qu’il soit livré aux Larves, et qu’aux premiers jeux qui se donneront, il soit assimilé aux esclaves vendus pour combattre les bêtes. »

Vint ensuite, pour dire son avis, le tour du divin fils de Vica Pota, aussi désigné consul grippe-sou. Il vivait de ses petits profits, en vendant de petits droits de cité. Hercule, s’approchant de lui d’un air gracieux, lui tira l’oreille, et le dieu opina en ces termes : « Puisque le divin Claude est du même sang que le divin Auguste ; qu’aussi bien il a fait déesse la divine Augusta son aïeule ; qu’il surpasse de beaucoup tous les mortels en sagesse, et qu’il est de l’intérêt de la république que Romulus ait quelqu’un pour manger avec lui des raves