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divin Auguste et Tibère César sont montés vers les dieux. Si vous l’interrogez, ce n’est qu’à vous seul qu’il débitera son récit : jamais devant plusieurs personnes il n’en dira mot. Car depuis qu’en plein sénat il a juré avoir vu Drusilia monter au ciel, et que, pour prix d’une si bonne nouvelle, personne n’a voulu croire à ce qu’il avait vu, il a fait serment en forme qu’il garderait le silence, quand même il aurait vu, au milieu de la place publique, un homme assassiné. C’est donc de lui que je tiens la chose, elle est certaine, elle est positive : je vous la transmets ; et puisse mon homme jouir d’une vie heureuse et tranquille !

II. Par un plus court chemin l’astre qui nous éclaire
Dirigeait à nos yeux sa course journalière ;
Le dieu fantasque et brun qui préside au repos
A de plus longues nuits prodiguait ses pavots :
La blafarde Cynthie, aux dépens de son frère,
De sa triste lueur éclairait l’hémisphère,
Et le difforme hiver obtenait les honneurs
De la saison des fruits et du dieu des buveurs ;
Le vendangeur tardif, d’une main engourdie »
Otait encore du cep quelque grappe flétrie.

Vous me trouverez, je pense, plus intelligible, si je vous dis qu’on était au mois d’octobre, au troisième jour des ides d’octobre. Quant à l’heure, je ne puis vous la dire au juste. Plus aisément on mettrait d’accord les philosophes que les horloges. Toutefois, c’était entre la sixième et la septième heure. C’est parler trop crûment ! quand nos poètes se donnent tant de mal, non contents de décrire le lever et le coucher du soleil, il leur faut encore s’évertuer à peindre le milieu du jour ; et vous n’êtes pas homme à laisser passer une si belle heure.