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CONSOLATION
A HELVIE


I. Souvent, ô la meilleure des mères, j’ai été tenté d’adoucir vos peines, souvent j’ai retenu l’élan qui m’y portait. Plusieurs motifs m’encourageaient à l’entreprendre. D’abord il me semblait que, suspendre au moins un instant vos larmes, s’il ne m’était permis d’en arrêter le cours, c’était me décharger du poids de toutes mes infortunes ; ensuite je n’ignorais pas que j’aurais plus d’empire pour ranimer votre courage, si je sortais le premier de mon abattement ; enfin, j’appréhendais qu’en laissant la victoire à la fortune, elle ne triomphât de quelqu’un des miens. Je m’efforçais donc de me traîner, la main appuyée sur ma blessure, pour mettre un appareil sur la vôtre. Mais d’autres motifs retardaient l’exécution de mon dessein. Je savais qu’il ne fallait pas heurter de front votre douleur, dans toute la vivacité de son premier accès : les consolations n’auraient servi qu’à l’irriter et à l’aigrir. Dans les maladies même du corps, rien de plus dangereux que des remèdes précipités. J’attendais donc que votre douleur épuisât ses forces d’elle-même, et que, disposée par le temps à supporter les consolations, elle devînt plus docile et plus traitable. D’ailleurs, en parcourant les monuments des génies les plus