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PRÉFACE

Le traité De la tranquillité de L'âme, adressé à Annæus Serenus, s’écarte un peu de la forme des autres écrits de Sénèque. Il est précédé d’une lettre dans laquelle Serenus peint à Sénèque l’inquiétude, le dégoût de la vie qui le tourmente, et lui demande des conseils. Cette lettre est-elle bien de Serenus ? Les savants ne sont pas d’accord sur ce point. Les uns pensent que la lettre est véritablement de Serenus, et que l’œuvre de Sénèque ne commence qu’au second chapitre, et à ces mots où le philosophe répond à la consultation morale, que lui demande Serenus : Quœro mehercule jamdudum, Serene, ipse tacitus. Les autres veulent que ce traité soit tout entier de la main de Sénèque. Pour nous, nous inclinerions volontiers à cette opinion, et ne verrions dans la forme épistolaire qui ouvre ce traité qu’un de ces artifices d’écrivain, familiers à Sénèque et propres à donner à un ouvrage de morale, plus de vivacité et d’intérêt. Quoi qu’il en soit, les conseils mêmes que Sénèque donne à Serenus pour échapper à ce dégoût, à cet état de malaise où il flotte entre le mal qu’il déteste et le bien qu’il n’a pas le courage d’entreprendre, ces conseils sont en général fort sages, bien que parfois empreints de l’exagération stoïcienne ; mais Sénèque finit par rabattre de cette sévérité. Après avoir parlé avec toute la hauteur de l’école du mépris de la mort et de la pauvreté, il termine en conseillant à son ami Serenus, l’usage de certaines distractions dont il n’exclut pas