res, inquiétudes et stérilité. Mais consulte-toi bien : cette vertu, qui souvent est d’un sûr et facile accès, voudras-tu gravir jusqu’à elle à travers les rocs et les précipices, par des voies assiégées de monstres et de serpents ?
XXIII. Il ne s’ensuit pas qu’une chose cesse d’être en elle-même désirable, parce que du dehors un bénéfice quelconque vient s’y joindre. Presque toujours les plus belles vertus sont accompagnées d’avantages nombreux, mais tout accessoires, qu’elles traînent après elles, qu’elles ont précédés. Qui doute que les révolutions périodiques du soleil et de la lune n’agissent sur ce globe, domicile du genre humain ; que l’un, par sa chaleur, n’entretienne la vie des corps, ne dilate le sein de la terre, n’arrête l’envahissement de l’élément humide, ne brise les entraves dont le triste hiver enchaîne la nature ; que l’autre, par ses tièdes et pénétrantes rosées, ne hâte efficacement la maturité des fruits : que la fécondité de notre race ne corresponde à ses phases diverses ; que le soleil, dans son cours circulaire, ne nous donne une mesure pour l’année, et la lune pour le mois, dans la sphère moindre qu’elle décrit ? Eh bien, sans tenir compte de tout cela, le soleil par lui-même ne serait-il pas un spectacle assez beau pour nos yeux et assez digne de nos hommages, quand il ne ferait que passer sur nos têtes ? La lune ne mériterait-elle pas notre admiration, quand elle traverserait l’espace dépourvue d’influence ? Et la voûte céleste, lorsque la nuit elle étale ses feux et s’illumine de ses innombrables étoiles, quel est l’homme dont elle ne captive l’attention ? Et qui, en l’admirant, songe à son utilité ? Regarde glisser dans leur muette harmonie tous ces astres, qui sous l’apparence du repos, et comme d’immobiles ouvriers, nous dérobent leur vitesse. Que de faits s’accomplissent dans cette nuit que tu observes, toi, pour distinguer et calculer tes jours ! Quel nombre infini de choses se déroule sous ce silence15 ! Quel enchaînement de destinées fatalement tracées dans ces lignes de feu ! Ces globes, que tu considères comme semés pour l’ornement, travaillent chacun à leur tâche. Car ne crois pas qu’il n’y en ait que sept qui cheminent, et que le reste demeure fixe. Si les mouvements de quelques-uns nous sont perceptibles, des dieux innombrables, par delà toute portée de nos yeux, et à l’écart des autres, vont et reviennent sans cesse. Et parmi ceux qui veulent bien souffrir nos regards, la plupart vont d’un pas inaperçu et suivent leur marche mystérieuse. Eh bien ! n’es-tu donc pas saisi par l’aspect