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CHAPITRE VII

LA CHUTE

— Hurrah ! s’écria Marcel, nous tombons !…

— Tu en es bien sùr ? dit Jacques.

— Parfaitement sûr ; nous venons de franchir le point neutre où, notre obus étant soumis à la double attraction de la Terre et de la Lune, la pesanteur se trouvait annihilée, et tu as dû sentir comme moi que nous ne pesions plus sur le fond du projectile.

— Oh yes ! fit lord Rodilan ; et je dois dire que je n’ai jamais rien éprouvé de semblable à cette sensation étrange : il me semblait que je n’avais plus de corps et que j’étais devenu un pur esprit. Cela seul vaut la peine d’avoir fait le voyage. Mais il n’y a rien de durable en ce monde, et nous voici maintenant redevenus lourds et matériels comme auparavant. Heureusement que cela va bientôt finir et que, dans quelques instants, nous allons…

— C’est entendu, mon cher ami, fit Jacques, mais gardez cela pour vous ; nous avons les moyens d’amortir notre chute et nous débarquerons tranquillement sur le sol de la Lune comme les voyageurs qui descendent sur le quai de Charing-Cross.