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CHAPITRE V

PRÉPARATIFS DE DÉPART

Depuis quelques mois, une activité extraordinaire régnait dans la presqu’île de la Floride. On y avait vu débarquer successivement plusieurs équipes d’ouvriers venus d’Europe. Des ateliers nouveaux avaient été construits, remplaçant ceux qui avaient été édifiés dix-huit ans auparavant et qui, fort négligés depuis cette époque, étaient tombés en ruine ou devenaient inutiles pour l’entreprise nouvelle. Plus n’était besoin en effet de ces fours innombrables qui avaient servi à fondre la Columbiad. Le nombre des travailleurs était bien moins considérable pour ce qu’il s’agissait de faire aujourd’hui.

Quelques maisons provisoires suffirent à les loger. Mais il fallait remettre en état le railway qui reliait Tampa-town à Stone’s hill et par lequel devaient arriver sur les chantiers tous les engins et tous les approvisionnements nécessaires ; car cette voie, qui pendant quelques mois avait été si fréquentée et qui avait transporté tant de matériaux et tant de voyageurs, avait été depuis lors singulièrement délaissée.

Il ne s’agissait plus, comme jadis, de creuser le trou immense où devait s’enchâsser le canon gigantesque, d’y couler l’énorme quantité de fonte qui devait former ses parois. Tout ce travail colossal, effrayant, qui dépassait toutes les proportions connues, avait été magistralement exécuté et mené à bonne fin par les devanciers de