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CHAPITRE III

L’ADJUDICATION

Le 10 février 188., vers midi, la grande salle de l’Hôtel des Ventes de Baltimore présentait une animation inaccoutumée, On allait y procéder à la vente aux enchères du fameux canon la Columbiad du Gun-Club et de ses accessoires.

Selon toutes les prévisions, le nombre des amateurs ne devait pas être considérable, et il est fort probable que cette vente aurait passé inaperçue, et que le monstrueux engin, qui avait si fortement surexcité, près de vingt ans auparavant, la curiosité publique, aurait été vendu comme vieille ferraille s’il n’était survenu quelque chose de tout à fait inattendu. Les curieux assemblés dans la salle, bien avant l’heure fixée pour la vente, se racontaient avec force commentaires que des acheteurs sérieux allaient se présenter. Des gens qui paraissaient bien informés disaient qu’un mois auparavant trois étrangers, deux Français et un Anglais, avaient un beau jour débarqué en Floride.

Malgré le mystère dont ils s’entouraient, leurs agissements avaient été observés ; on les avait vus s’aboucher avec les gens préposés à la garde du canon ; ils avaient examiné avec soin tous les appareils, visité l’obus d’aluminium, s’étaient même fait descendre jusqu’au fond de la Columbiad dont ils avaient soigneusement inspecté les parois.