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un monde inconnu

afin de pouvoir résister à la pression de l’air qui devait s’y accumuler.

Dans l’un d’eux se trouvait installé un appareil propre à fabriquer chimiquement de l’air respirable, et qui fournissait au train tout entier une atmosphère dans laquelle les voyageurs pouvaient vivre aussi à l’aise qu’à l’intérieur même de l’observatoire. Des tables, des sièges élégants et commodes, étaient disposés dans les autres véhicules dont les parois latérales se trouvaient garnies de glaces épaisses et fixes qui permettaient de voir tous les détails de la région qu’on traversait.

Rugel et ses compagnons pénétrèrent dans l’un d’eux et aussitôt que, la porte étant soigneusement fermée, le baromètre indiqua une pression atmosphérique suffisante, ils se dépouillèrent avec empressement du costume spécial et quelque peu gênant qu’ils avaient dû revêtir,

Cependant les Diémides chargés de ce soin avaient mis en action les moteurs électriques, et bientôt, les appareils gyroscopiques ayant atteint leur vitesse normale de rotation, le train s’ébranla et glissa avec rapidité sur le rail.

Confortablement assis dans ce large wagon qui roulait sans secousse et sans bruit, où la lumière entrait à flots, les trois habitants de la Terre croyaient rêver.

Parcourir en chemin de fer la surface de la Lune, il y avait là de quoi troubler des cerveaux moins bien équilibrés, et lord Rodilan se surprit à se pincer vigoureusement les bras, comme pour s’assurer qu’il était vraiment éveillé.

Mais ce n’était pas un songe, et le merveilleux spectacle qui se déroulait sous leurs yeux était bien une réalité.

Après avoir suivi pendant quelque temps les sinuosités de la gorge, que fermaient des deux côtés d’âpres rochers, le train était entré dans une région découverte où le regard embrassait un vaste horizon. Sur leur droite, ils apercevaient le cratère, au sommet duquel se dressait l’observatoire dont un soleil ardent faisait resplendir les voûtes de cristal et les gigantesques lunettes.

Vu de cette distance, où l’on ne distinguait plus les aspérités