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un monde inconnu

La belle Oréalis et Azali qui avaient, l’un par sa science, l’autre par son dévouement, sauvé la vie et la raison des trois étrangers, étaient venus, eux aussi, pour être les témoins de leur triomphe, et ce qui était pour tout le monde lunaire comme une fête universelle, était pour eux en quelque sorte une fête de famille.

Ce ne fut pas sans émotion que, dans une circonstance aussi solennelle, Marcel revit celle dont image était toujours au fond de son cœur. Mais le visage de la jeune fille respirait une joie si pure, et dans les regards d’Azali brillaient une telle loyauté et une telle confiance qu’il eût rougi de s’arrêter à des pensées vulgaires et indignes de ces généreuses natures.

Le jeune savant serra avec effusion la main de Marcel, et on sentait que, loin d’avoir conçu pour l’ingénieur un sentiment de défiance jalouse, il l’estimait peut-être davantage pour avoir compris combien celle qu’il chérissait lui-même était digne d’être aimée.

« Ami, lui avait dit Oréalis avec un radieux sourire, je suis aujourd’hui bien heureuse. Vous voilà tel que je vous souhaitais ; vous avez conçu et réalisé de grandes choses, vous avez acquis des droits éternels à la reconnaissance de deux humanités. »

Marcel s’inclina sans répondre.

Cette foule de visiteurs éminents remplissait l’observatoire d’une animation inaccoutumée. Ce n’était plus le calme silencieux qui convient aux graves études, mais une sorte de frémissement ou se trahissaient, chez ces hommes cependant si sérieux, la joie du grand événement qui venait de s’accomplir et l’impatience de le voir se confirmer.

Aussitôt que le mouvement de rotation de la Terre eut ramené dans l’ombre le point de la surface où, la veille, avait paru le message, Aldéovaze voulut lui-même suivre de l’œil les observations qui allaient se continuer. Et pendant les quatre nuits terrestres qui suivirent, brillèrent successivement sur le rectangle lumineux les phrases suivantes qui faisaient vibrer l’âme de tous les assistants.

On lut d’abord :