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un monde inconnu

Une heure, deux heures se passèrent sans que rien apparût.

Soudain un point lumineux brilla au milieu des ténèbres.

Un triple cri de joie se fit entendre.

Cette fois aucun doute n’était possible : le signal était là, sous leurs yeux, immobile et fixe. Ce n’était pas une illusion, un rēve de leur imagination surexcitée ; c’était une réalité vivante.

Et il leur semblait que ces rayons de feu leur apportaient la voix même de ceux qui les avaient lancés à travers l’espace ; ils les sentaient frémir et vibrer ; l’âme de leurs amis y tressaillait ; c’était plus qu’un message lumineux, c’était comme un courant magnétique qui faisait battre les cœurs à l’unisson.

Le problème était done résolu ! Leurs signaux, patiemment attendus, avaient été aperçus et compris ; on y avait répondu, et, sans se laisser décourager par la longue période d’inaction qui avait suivi, on avait renouvelé, sans se lasser, le signal de réponse.

Quelle admirable constance avaient montrée les observateurs de Long’s Peak ! Quelle sublime foi dans l’avenir de la science ! Et comme les trois voyageurs leur étaient aujourd’hui reconnaissants de ne s’être laissé abattre par aucune désespérance !

Le feu brillait toujours ; au bout d’une heure il s’éteignit.

« Vite ! s’écria Marcel ; on attend avee anxiété, depuis bientôt quatre mois, que nous donnions signe de vie. Ne faisons pas plus longtemps languir nos amis. »

En disant ces mots il appuyait la main sur la poignée du commutateur placé à sa portée.

La nuit profonde qui enveloppait les plaines lunaires s’éclaira brusquement : un J enflammé se dessina gigantesque sur le sol.

À toi, ami, dit-il en se tournant vers Jacques, l’honneur de révéler le premier notre présence à ceux qui nous attendent. Si ton oncle et celle que ton cœur n’a jamais oublié sont encore aux Montagnes Rocheuses, je veux qu’ils soient sans retard rassurés sur ton compte.

— Merci, dit Jacques en lui serrant la main.

— Vous m’excuserez, mon cher lord, ajouta Marcel en souriant ; mais ni vous ni moi ne sommes amoureux…

— Oh ! pour moi, interrompit lord Rodilan, il y a longtemps