CHAPITRE II
LE DOCUMENT
Au moment où les deux convives, secouant la cendre de leurs cigares, se disposaient à se lever, un garcon s’approcha de Marcel et lui tendit sur un plateau d’argent une carte de vélin en lui disant :
« La personne dont voici le nom sollicite l’honneur de vous étre présentée.
— À moi ? fit Marcel.
— Oui, Monsieur. »
Et d’un clin d’œil le garçon désignait une table voisine vers laquelle Marcel dirigea un rapide regard.
À cette table était assis un homme qui paraissait âgé de quarante à quarante-cinq ans et dans lequel il était, au premier aspect, facile de reconnaître un originaire de la Grande-Bretagne. Son visage régulier et énergique était empreint d’une grande noblesse. Sa barbe, qu’il portait tout entière, était blonde et striée de quelques fils d’argent. Ses yeux, d’un bleu changeant, semblaient recéler une rare fermeté d’âme, et cependant on y distinguait comme une expression de lassitude et d’ennui.