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un monde inconnu

réponse. Les trois voyageurs comprendraient ainsi que leur message avait été reçu et qu’on attendait de leur part d’autres communications.

Si quelque chose de nouveau se montrait sur la surface du satellite, le directeur de l’observatoire de Long’s Peak devait immédiatement en aviser Mathieu-Rollère. Tout ainsi réglé, le vieil astronome s’était mis résolument en campagne.

Il s’agissait, on se le rappelle, d’obtenir du gouvernement français l’autorisation de disposer, dans une plaine du Sud-Algérien, les appareils électriques nécessaires à la production des signaux, et aussi d’amener l’Observatoire de Paris à disposer, en faveur de l’entreprise, des fonds qui lui sont alloués sous la rubrique de : Recherches scientifiques.

L’autorisation fut obtenue, mais ce ne fut pas sans peine. Pendant que le savant était en Amérique, le ministère avait été une fois de plus renversé. Les amis puissants sur lesquels il comptait avaient été rendus aux douceurs de la vie privée. Sous prétexte d’épuration, tout le haut personnel administratif était renouvelé, et l’astronome n’y connaissait plus personne. Aussi les choses n’allèrent-elles pas aussi vite qu’il s’en était flatté.

Il se heurta dès les premiers pas à la routine ordinaire des bureaux.

On ne comprenait pas d’abord ce qu’il demandait.

Quand on le comprit, il fallut savoir par quel ministère l’autorisation devait être accordée. Il semblait bien que cela ressortit à l’Instruction publique. Mais, comme il s’agissait d’une installation sur le territoire d’un département français, cela pouvait bien dépendre de l’Intérieur. D’un autre côté, la plaine choisie se trouvant dans la zone soumise à l’autorité militaire, il était bien difficile de se passer du consentement du ministre de la Guerre. Ce qu’il fallut entasser de paperasses, rédiger de demandes, faire de courses et de démarches, ne peut être compris que par ceux qui ont eu la malchance d’avoir affaire à ces autocrates infatués d’eux-mêmes, aussi grincheux qu’inabordables, et qui, parce qu’ils font les importants, croient avoir quelque importance.

Le malheureux savant s’essouffla, pendant plusieurs semaines, à aller de ministère en ministère, et il put vérifier par lui-même