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sottise et routine

voyageurs, que nous ayons vus disparaître dans une crevasse au pied du cratère d’Aristillus, ont pu se trouver transportés dans le voisinage du cratère de Hansteen, c’est-à-dire à environ 60 degrés, qui font plus de quatre cent cinquante lieues de quatre kilomètres ?

— C’est vrai, murmura Mathieu-Rollère, je n’y avais jamais songé.

— Eh ! bien, s’ils ont pu franchir une pareille distance dans les conditions où doit se trouver, selon les observations astronomiques, la surface de la Lune, il est difficile d’admettre que, réduits à leurs propres forces, ils y soient parvenus ; et il est évident qu’ils ont dû être aidés, Par qui ? Comment ? Il nous est impossible de le savoir. Tout ce que nous pouvons conclure, et nous le savions déjà par la découverte du boulet qui a déterminé leur départ, c’est que la Lune est réellement habitée et que nos amis ont pu se mettre en communication avec les êtres, quels qu’ils soient, qui y vivent.

— Mais comment alors, avec le puissant télescope dont nous disposons et qui permet de distinguer des objets ayant neuf pieds de côté, n’avons-nous jamais rien aperçu qui dénotât la présence d’êtres vivants et intelligents ?

— Il y a assurément là quelque chose d’inexplicable ou plutôt d’inexpliqué, car tout viendra en son temps. Pour l’instant, ce qui est certain, c’est que nos amis sont arrivés sur la Lune, y ont vécu, franchi de très grandes distances, exécuté des signaux sur l’existence desquels le doute n’est pas permis. Si vous trouvez que ce n’est pas là un résultat magnifique, vous êtes bien difficile. Ne leur mesurons pas le temps et attendons avec patience. »

Le ton d’assurance avec lequel parlait l’astronome américain avait fait sur l’âme un peu troublée du vieux savant une salutaire et réconfortante impression. Aussi ce fut avec une ardeur toute juvénile qu’il s’occupa, avec l’ingénieur Georges Dumesnil, de préparer la grande installation de signaux destinés à assurer les communications futures.

Ils se hâtèrent de retourner en France.

I] avait été convenu que, pendant leur absence et toutes les fois que le moment serait favorable, sir William Burnett renouvellerait, à intervalles réguliers, le signal déjà fait et resté sans