CHAPITRE III
SOTTISE ET ROUTINE
« Rien encore, fit avec un accent de découragement l’astronome Mathieu-Rollére, en s’arrachant à regret à l’oculaire du télescope. Trois mois se sont déjà écoulés depuis que nos amis nous ont révélé leur présence ; je commence à craindre qu’il ne leur soit arrivé malheur et que nous ne soyons forcés de renoncer à des espérances qui paraissaient si magnifiques.
— Bah ! reprit l’honorable W. Burnett, avec son flegme américain, il ne faut désespérer que lorsqu’il est absolument démontré que le succès est impossible.
— Sans doute, mais s’ils ont pu faire les premiers signaux que vous avez aperçus, pourquoi n’ont-ils pas recommencé ?
— Ah ! pourquoi ? Le sais-je, moi ? Mille accidents ont pu survenir dont il nous est impossible d’avoir la moindre idée, et dont un seul suffit sans doute à expliquer leur silence. Mais songez que, dès à présent, le seul fait qu’ils ont pu arriver à la surface de la Lune, et de là se mettre, ne fût-ce qu’une seule fois, en communication avec nous, apporte à la science la solution d’importants problèmes.
— Oui, mais je voudrais…
— Vous êtes trop impatient, mon vénérable ami. N’est-ce donc pas déjà beaucoup que de savoir que la vie est possible à la sur-