çaient pour l’enseignement des âges nouveaux les exploits des temps antiques.
Là, rien de cette mythologie froide et incohérente où les habitants de la Terre, s’adorant eux-mêmes, divinisaient leurs plus mauvaises passions et leurs actes les plus condamnables.
Des héros à l’âme pure, ayant en vue non la satisfaction de grossiers désirs ou d’ambitions coupables, mais le bien de leurs semblables, y passaient grands et forts, luttant contre les forces naturelles pour affranchir les autres hommes de cette servitude et donnant avec joie leur vie, s’il devait en résulter, pour ceux auxquels ils se sacrifiaient, un bonheur conquis, un progrès accompli.
C’était, dans les âges passés, au temps où l’humanité lunaire vivait à la surface du satellite, lorsqu’elle avait dû, elle aussi, à force de courage et de persévérance, conquérir sur une nature hostile son indépendance et sa haute civilisation, que les divins aèdes trouvaient ces nobles figures dont le respect s’imposait à l’admiration de tous.
On ne rencontrait, dans cette littérature épurée, rien de semblable à notre poésie dramatique. Chez nous, en effet, la tragédie ne fait que mettre en œuvre les passions les plus désordonnées. Si parfois un éclair de grandeur et d’héroïque dévouement traverse cette nuit sombre, on n’aperçoit à sa clarté qu’un grouillement confus de haines ardentes, de jalousies effrénées, d’ambitions sans retenue ; notre scène tragique ruisselle toujours de sang et de larmes.
La comédie, telle que nous la pouvons concevoir, ne montre pas notre triste humanité sous un jour plus favorable : c’est que, il faut bien le dire, elle n’est que la reproduction trop fidèle de ce que nous sommes en réalité. Si les catastrophes auxquelles sont mêlés les personnages sont moins cruelles et moins effrayantes, elles sont cependant d’une perfidie plus raffinée et plus subtile.
On n’y trouve que fourberie et duplicité, intrigues malsaines dans lesquelles on fait appel aux plus viles passions, étalage cynique des plus basses convoitises. Vieillards libidineux qui sont le jouet d’intrigants, femmes adultères et coquettes, jeunes filles dont la fausse innocence cache une dépravation précoce, valets