trouveront pas cette prétention excessive. La gloire leur restera toujours d’avoir aperçu les premiers signaux envoyés de la Lune. Sans le télescope de Long’s Peak, rien de ce qui a été fait n’aurait été possible.
— Oh ! notre part est bien mince, répondit W. Burnett ; la gloire première revient en réalité au grand Barbicane, qui, le premier, a songé à la possibilité d’un voyage dans la Lune, qui a construit la Columbiad, s’est audacieusement élancé dans l’espace avec une confiance sans précédent, et aurait réussi dans son entreprise si des forces impossibles à conjurer ne l’avaient détourné de sa route. »
À ces paroles, prononcées avec un légitime orgueil, tous s’inclinèrent en signe d’assentiment.
« Mais, reprit bientôt l’ingénieur G. Dumesnil, j’ai aussi songé à une chose : avant que nous puissions établir notre réseau alphabétique, il s’écoulera nécessairement un certain temps. Il nous faut tout d’abord obtenir l’autorisation du gouvernement français.
— Oh ! interrompit Mathieu-Rollère, cela ne sera pas long ; j’ai des amis puissants au ministère, et, du reste, la question qui pourrait nous retarder, celle des dépenses, ne sera pas un obstacle, car nous avons à l’observatoire des fonds disponibles.
— Bien, fit l’ingénieur ; mais pour installer notre réseau en plein désert, à 40 kilomètres au sud de Biskra, il nous faudra tout transporter à dos d’homme ou de chameau, à moins, ce qui serait infiniment plus pratique, que nous puissions établir un chemin de fer Decauville.
— Nous l’établirons, affirma Mathieu-Rollère, qui maintenant ne doutait plus de rien.
— Parfait ; mais il nous faudra des moteurs à vapeur, et par suite d’importantes provisions de combustible, de nombreuses et puissantes machines dynamo-électriques, 10.000 lampes à arc, de grand modéle, munies chacune d’un réflecteur parabolique, des kilomètres de fil. Ce n’est pas tout : il faut abriter tout cela ; il faut loger, nourrir et approvisionner tout le personnel nécessaire au fonctionnement permanent de ce système de signaux ; car vous pensez bien que lorsque les communications seront une fois régulièrement établies, elles ne cesseront plus.