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un monde inconnu

trer en communication avec les habitants de ce monde voisin, et ils avaient souvent essayé d’attirer sur eux leur attention. Mais, à cette époque, les peuples qui commençaient à couvrir la surface de la Terre étaient encore trop grossiers et trop barbares pour songer à regarder, et surtout à étudier les astres qui roulaient au-dessus de leurs têtes ; ou si, parfois, leurs regards s’élevaient dans la profondeur des nuits jusqu’à ces points brillants, leur aveugle superstition y voyait des divinités dont il fallait, à force de prières et de sacrifices, conquérir la faveur ou écarter l’influence néfaste.

Aucun des efforts auxquels s’étaient livrés les habitants de la Lune n’avait été couronné de succès ; toutes leurs interrogations étaient demeurées sans réponse. Aussi, découragés, avaient-ils fini par penser ou que leurs observations étaient inexactes et que la Terre n’était pas habitée, ou que les êtres qui la peuplaient, dépourvus d’intelligence, ne s’élevaient pas beaucoup au-dessus de la vie animale. Et les tentatives, commencées avec une certaine ardeur, étaient restées interrompues pendant de longs siècles.

Plus tard, après que les conditions de l’existence avaient si complètement changé pour eux, alors qu’ils pouvaient mesurer, avec une certitude presque infaillible, la durée du temps qu’il leur restait à vivre, ils s’étaient repris à tourner leurs regards vers ce monde, qui continuait toujours si près d’eux sa course majestueuse.

De nouveaux perfectionnements dans l’art de construire les instruments d’optique avaient rendu possibles de nouvelles et plus précises observations. Des signes leur étaient apparus : des tracés semblables à des canaux, des figures géométriques qui pouvaient être des enceintes de villes et dont les formes régulières semblaient révéler la présence d’êtres actifs et intelligents ; des monuments dont ils avaient pu, par la mesure de l’ombre, calculer la hauteur, leur avaient appris que les habitants de la Terre étaient en possession de moyens mécaniques assez puissants, et ils en avaient conclu qu’ils s’étaient avancés assez loin dans la connaissance des sciences. Leur désir d’établir avec eux