Page:Sélènes Pierre un monde inconnu 1896.djvu/103

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAPITRE X

UNE HUMANITÉ QUI NE VEUT PAS PÉRIR

Depuis que l’intelligence humaine, à l’étroit dans la sphère exiguë où elle se trouve confinée, a commencé à sonder les profondeurs de l’espace pour étudier les lois qui régissent les mondes gravitant dans l’infini, le satellite qui accompagne fidèlement la Terre dans sa route, et dont, à des intervalles réguliers, la lumière vient éclairer ses nuits, a été l’objet de sa plus constante préoccupation. Pendant que l’imagination poétique des Grecs divinisait la blonde Phœbé et la faisait descendre du Ciel sur un rayon argenté, auprès du berger Endymion endormi sur les bords du Céphise, les prêtres chaldéens calculaient l’orbite de notre satellite, en décrivaient les phases, en prédisaient les éclipses.

Au Moyen Age, l’astrologie attribuait à la Lune une influence néfaste.

C’était elle qui présidait aux incantations nocturnes ; c’était à sa lumière indécise et tremblante que les sorcières, déterrant les cadavres, ou cherchant au pied des gibets la redoutable mandragore, composaient les filtres puissants qui distribuaient à leur gré l’amour ou la haine, le plaisir ou la mort. C’était sur un rayon de la pâle Hécate qu’elles chevauchaient pour s’envoler au Sabbat dans les nuits de Walpurgis, et c’est par là qu’elles regagnaient leurs tanières quand l’aube naissante dissipait les fantômes, renvoyait à leurs sépulcres les âmes des morts et faisait rentrer dans leurs sombres domaines les divinités infernales.