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vingt francs par an ! Mais je profite du reste ; c’est une compensation des ennuis que me donne ce garçon que je déteste. »

Ce ne fut qu’au bout de quelques minutes qu’elle eut la pensée de courir après Charles et d’empêcher de vive force sa visite chez le juge de paix ; mais il était trop tard : quand elle descendit à la cuisine, Charles n’y était plus.

madame mac’miche.

Où est-il ? Où est ce brigand, cet assassin ?

betty.

Quel brigand, Madame, quel assassin ? Je n’ai rien vu qui y ressemblât.

— Il est ici, il doit être ici ! continua Mme Mac’Miche hors d’elle.

— Au voleur ! à l’assassin ! cria Betty en ouvrant la porte de la rue. Au secours ! on égorge ma maîtresse ! »

Plusieurs têtes se montrèrent aux portes et aux fenêtres ; Betty continua ses cris malgré ceux de Mme Mac’Miche, qui lui ordonnait de se taire. Betty riait sous cape, car elle avait bien compris que le voleur, l’assassin, était Charles. Quelques voisins arrivèrent, mais, au lieu de voleurs et d’assassins, ils trouvèrent Betty aux prises avec Mme Mac’Miche, qui l’agonisait de sottises et qui cherchait de temps en temps à donner une tape ou un coup de griffe, que Betty esquivait lestement ; les voisins riaient et grommelaient tout à la fois pour avoir été dérangés sans nécessité.

« Ah çà ! avez-vous bientôt fini, Madame Mac’--