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« Eh bien ! que fais-tu là à te tourner les pouces et à me regarder avec tes grands bêtes d’yeux effarés, comme si tu voulais me dévorer ? Va-t’en à la cuisine pour aider Betty ; dis-lui de servir le souper le plus tôt possible ; j’ai faim. »

Charles ne se le fit pas dire deux fois et s’esquiva lestement ; il raconta à Betty ce que venait de dire sa cousine sans se douter qu’elle eût parlé tout haut.

« Il faut avertir Juliette et te révolter ouvertement, dit Betty.

charles.

Non, j’ai promis à Juliette d’être poli et docile pendant une semaine ; je ne manquerai pas à ma promesse ; ce qui ne m’empêchera pas de la faire enrager… innocemment, sans cesser d’être respectueux à l’apparence… quand j’aurai mes visières.

betty.

Tu les auras demain, mon pauvre Charlot ; compte sur moi ; je te préserverai tant que je pourrai.

charles.

Je le sais, ma bonne Betty, et c’est parce que tu m’as toujours protégé, consolé, témoigné de l’amitié, que je t’aime de tout mon cœur, comme j’aime Juliette ; elle aussi m’a toujours aimé, encouragé et conseillé… Seulement, je n’ai pas souvent suivi ses conseils, je l’avoue.

betty.

Avec ça qu’ils sont faciles à suivre ! Il faut toujours céder, toujours s’humilier, à l’entendre !