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attentions les plus aimables. Juliette resta douce, aimante et charmante, comme au jour de son mariage ; seulement, le bonheur dont elle jouissait lui donna plus de gaieté, de vivacité, d’entrain. Elle fut quelques années sans avoir d’enfant ; enfin elle eut un garçon, et deux ans après une fille ; ces enfants font le bonheur de leurs parents ; la fille s’appelle Mary, et elle est tout le portrait de sa mère ; Charles l’aime passionnément. Édouard ou Ned, le garçon, est l’image vivante du père ; Juliette l’idolâtre. Betty continue à ne pas avoir d’enfant. Marianne en a déjà quatre, trois garçons et une fille. La fille du juge a épousé un brave garçon des environs ; M. Turnip, pour se consoler du mariage de sa fille, qui mettait de la gêne dans sa maison à cause des dépenses de M. Old Nick, a demandé et obtenu la main et la bourse d’une vieille grosse veuve de cinquante ans : elle a dix-huit mille francs de revenu et elle fait enrager du matin au soir Lucy Old Nick et M. Old Nick. M. Turnip reçoit les premières bordées des fureurs de la grosse Mme Turnip ; et quand il a le bonheur d’y échapper, il tombe dans les pièges de sa fille Lucy, et il subit de ce côté des scènes dont il ne se tire qu’avec des concessions d’argent, et qui achèvent de lui enlever le peu de bon sens qui lui reste. Mme Turnip ne tarde pas à s’apercevoir des brèches faites à sa bourse, et reprend en sous-main l’infortuné Turnip, qui finit toujours par recevoir une raclée de son épouse. Charles lui offrit un jour en riant sa vieille recette des visières du