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sent, parlons d’autres choses. À quand votre mariage ? Avez-vous arrangé vos affaires avec le juge ?

marianne, embarrassée.

Mais non, M. Turnip était là ; nous étions seulement convenus que Juliette se transporterait là-bas avec moi, et qu’on la mettrait dans la chambre de Sidonie, la fille du juge, pour avoir quelqu’un près d’elle.

charles, avec ironie.

Arrangement excellent pour tout le monde, excepté pour la pauvre Juliette.

marianne.

Juliette eût été très bien là-bas. N’est-ce pas, Juliette ?

juliette.

Je ne serai bien nulle part hors d’ici.

marianne.

Je ne te reconnais plus, Juliette ; tu deviens sotte et égoïste. »

Juliette rougit ; les larmes lui vinrent aux yeux. Charles se leva avec violence, et s’adressant à Marianne :

« Ne répétez jamais la calomnie que vous venez d’inventer ! Je ne veux pas qu’on insulte Juliette ! Trop douce et trop dévouée pour se défendre, elle est sous ma protection, ma protection exclusive ; elle est maîtresse de ses actions, et personne n’a droit sur elle.

marianne, avec ironie.

Elle est assez âgée pour cela ! Je le sais bien.