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le motif qui me rendrait tout mariage odieux. Je refuse l’homme dont tu me parles et tous les hommes qui pourraient vouloir de la pauvre aveugle, pour ne pas te quitter, pour vivre près de toi, pour n’aimer que toi.

charles.

Et moi, ma Juliette, je refuse et je refuserai toute femme qui pourrait vouloir de moi, pour ne pas te quitter, pour vivre près de toi, pour n’aimer que toi. »

Juliette poussa un cri de joie et saisit les mains de Charles.

charles.

Écoute-moi encore, Juliette. Je n’ai pas fini. Il y aura une modification nécessaire à notre vie ; jusqu’ici tu as été mon amie, ma sœur ; dorénavant il faut que tu sois mon amie… et ma femme.

juliette.

Ta femme ! ta femme ! Mais, Charles, tu oublies que je suis aveugle, que j’ai deux ans de plus que toi !

charles.

Que m’importe que tu sois aveugle ; c’est ta cécité qui m’a d’abord attaché à toi ; c’est elle qui m’a fait aimer de toi à cause des soins que je t’ai donnés ! Et quant à tes deux années de plus que les miennes, qu’importe, si tu restes pour moi plus jeune et plus charmante que toutes les femmes qu’on m’a proposées ; et puis, Marianne voulait me faire épouser cette petite de tout à l’heure ! Elle a un an de plus que toi. Betty me l’a dit ; elle en est certaine… Tes objections sont levées, ma Juliette ; maintenant décide de mon sort, de notre vie. »