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charles, irrité.

Eh bien ! si l’on jase, je m’arrangerai pour faire taire les mauvaises langues.

marianne, avec ironie.

Ce serait une jolie affaire ! Rétablir une réputation à coups de fourche ou de bâton. Bien trouvé. Ça sent encore l’époque de la Mac’Miche !

charles, avec colère.

Mac’Miche ou non, je ne permettrai à personne de dire ni de penser mal de Juliette.

marianne.

Tu diras ce que tu voudras, tu feras comme tu voudras, tu es en âge de raison aussi bien que Juliette ; mais moi, je suis lasse d’attendre, et je vous préviens tous les deux que d’ici à quinze jours je serai mariée avec M. le juge de paix.

charles, l’embrassant.

Je vous souhaite bien du bonheur, Marianne ; vous avez été très bonne pour moi, et c’est ce que je n’oublierai jamais. Et toi, Juliette, tu ne dis rien à Marianne ?

juliette, s’essuyant les yeux.

Que veux-tu que je dise, Charles ? Je suis désolée de causer de la peine à ma sœur, d’amener des discussions entre toi et elle ; mais que puis-je faire ? Aller demeurer chez le juge ? Cela m’est impossible ! Et où irais-je, si ce n’est chez toi ? »

Marianne impatientée quitta la salle.

charles, s’asseyant près de Juliette.

C’est bien mon avis aussi ; tu vivras chez moi, ce qui veut dire chez toi, avec Betty qui t’aime,