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tristesse. Qu’ai-je besoin de plus que de ma ferme ? Juliette, toi qui as toujours été pour moi une amie si éclairée, toi qui es arrivée si péniblement à me corriger de mes plus grands défauts, dis-moi, que dois-je faire ? que me conseilles-tu de faire ? Comment me débarrasser de tout ce superflu ?

juliette.

Ce sera bien facile, mon ami. Prends le temps de bien placer ton argent ; mais fais d’avance la part des pauvres.

charles.

Et la part de Dieu, Juliette ! Nous allons prendre nos arrangements avec M. le curé pour faire des réparations urgentes à notre pauvre église, pour établir des sœurs afin d’avoir une école et un hôpital. Et dès demain tu m’aideras à secourir, non pas, comme jusqu’ici, pauvrement et imparfaitement, les pauvres de notre paroisse, mais bien complètement, en leur donnant et leur assurant des moyens de travail et d’existence. »

Les premiers mois de la majorité de Charles se passèrent ainsi qu’il l’annonçait ; mais sa première signature fut pour faire don à Donald et à Betty d’une somme de vingt mille francs, qu’ils placèrent très avantageusement. Quand il eut terminé ses générosités, Juliette lui demanda à qui il réservait les cent mille francs qui restaient.

« Je te le dirai dans quelque temps, à l’anniversaire du bienheureux jour où le bon Dieu m’a placé sous la tutelle de notre excellente Marianne et près de toi, pour ne plus te quitter.