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ils sont séparés de leurs parents, qu’ils voient à peine ; on leur donne des gouverneurs sévères, qui ne les soignent que parce qu’on les paye et non pas par affection ; ils n’ont jamais d’amis ; et quand ils sont grands, c’est bien pis ! Un pauvre roi qui ne peut aimer personne, de peur d’être aimé par intérêt ; un roi que personne n’aime, parce que tout le monde en a peur ; dont chacun peut dire et inventer du mal, sans qu’il puisse se défendre ; qui ne peut avoir aucune liberté, pas même celle de promener sa femme dans les champs et d’élever lui-même ses enfants !

charles.

C’est vrai ! Tu as raison ; j’aime cent fois mieux ma veste ou ma blouse que les brillants uniformes des rois ; mon dîner de deux plats mangés gaiement avec ceux que j’aime, que les repas exquis en compagnie d’ennemis ou d’indifférents ; et ainsi de tout. Si j’étais roi, je n’aurais pas pu grimper à l’arbre tout à l’heure.

juliette.

Ni avoir des lapins et les élever.

charles.

Ni aller en carriole avec Donald.

charles.

Ni déchirer tes habits dans les ronces.

charles.

Ni te cueillir des fraises dans les bois, ni te mener promener tous les jours, te soigner, t’aimer enfin ; car on n’aime pas bien les gens quand on ne fait rien pour eux.