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sur la route au moment où la carriole versait ; mais ce qui le désespère, c’est que la truie que nous ramenions a été tuée.

juliette.

Tuée ! pauvre bête ! tu vois, Charles, ce qui arrive quand on fait à sa tête sans écouter les gens plus sages et plus âgés que soi. Et c’est bien heureux que tu t’en sois tiré sans plus de mal ; cette fois-ci le bon Dieu t’a protégé ; mais une autre fois ne cours pas la chance d’une protection qui peut te manquer. N’est-ce pas, Charles, que tu écouteras Donald à l’avenir, que tu ne te précipiteras pas dans des dangers inutiles, et que tu ne me causeras pas d’inquiétude volontaire, comme tu l’as fait aujourd’hui ?

charles.

Oui, ma bonne Juliette, je te le promets, et je te remercie de ne pas être fâchée contre moi, de m’adresser des reproches si modérés, quand je m’attendais à un très sérieux mécontentement.

juliette.

Et tu avais raison ! j’aurais dû te très mal recevoir mais j’ai été si inquiète, que lorsque j’ai entendu ta voix, j’ai tout oublié ; je n’ai plus senti que le bonheur de te savoir en vie et sans blessure. Toutefois tu n’en seras pas quitte pour ma remontrance ; Betty va rentrer en colère ; ainsi prépare-toi à supporter ses reproches humblement, doucement ; songe qu’elle a eu pour son mari l’inquiétude que j’ai eue pour toi, et qu’elle doit t’en vouloir.