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temps pour le délivrer et mettre en fuite les roquets dont il était entouré. Betty, indignée contre Charles, arracha bonnet et camisole, et emporta Minet haletant. Charles, honteux et l’oreille basse, la suivit et rencontra à la porte de la maison Marianne et Juliette qui venaient voir la cause de ce bruit inaccoutumé.

marianne.

Qu’y a-t-il, Betty ? Après qui couriez-vous avec Charles ? Pourquoi ce bruit, ces chiens, ce rassemblement ?

betty.

Parce que Charles vient encore de faire des siennes ! Le pauvre Minet eût été dévoré, ou tout au moins mis en pièces par ces gueux de roquets, si je n’étais arrivée à temps pour le sauver. Tenez, mademoiselle Juliette, le voilà, votre pauvre chat, effaré et tremblant. »

Betty déposa Minet dans les bras de Juliette ; Charles gardait le silence et conservait son attitude humble et coupable ; Juliette, ne l’entendant pas, le crut absent.

juliette.

Je suis bien peinée de ce que vous dites, Betty, non à cause du chat, mais pour Charles lui-même. Ce pauvre Charles ! avec un bon cœur il se fait redouter et il se rend désagréable à tout le monde ! Quel moyen puis-je employer pour l’empêcher de faire des méchancetés et des sottises ? J’aime ce pauvre garçon, qui me fait pitié depuis que je le connais. Je croyais qu’il m’aimait aussi, et qu’au