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c’est moi qui t’ai inondé, ce sera moi qui te sécherai et te réchaufferai. »

Et Charles, s’emparant d’une camisole que Juliette venait de finir pour l’enfant d’une pauvre femme, prit le chat sur ses genoux, sans éprouver aucune résistance, lui passa les pattes de devant dans les manches de la petite camisole, attacha les cordons, prit un fichu destiné au même enfant et l’attacha en guise de bonnet sur la tête et autour du cou du chat. Celui-ci commençait à s’impatienter et cherchait à se débarrasser du bonnet avec ses pattes, lesquelles étaient elles-mêmes embarrassées dans les manches de la camisole. Mais Charles, occupé de la toilette non terminée de Minet, ne fit aucune attention à ces gestes et symptômes significatifs, et enveloppa les reins et les jambes du chat avec une serviette en guise de lange.

Quand il eut fini, il le coucha sur une chaise et le couvrit d’une seconde serviette, qui remplaça une couverture. Le chat continua de se débattre ; mais, gêné par les langes qui l’enveloppaient, il miaulait furieusement sans pouvoir s’échapper. Betty entra, gronda Charles, enleva la serviette qui enveloppait le chat, et allait le débarrasser du reste, quand il fit un bond prodigieux et s’échappa dans la rue par la porte ouverte. Il courait comme un forcené ; les chiens du quartier se mirent à sa poursuite ; la camisole gênant ses mouvements, il eût été bientôt mis en pièces si Betty et Charles, qui avaient couru après lui, ne fussent arrivés à