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et lui demander de venir donner à sa cousine une dernière absolution et bénédiction s’il en était temps encore. Le curé se hâta d’accompagner Charles jusqu’auprès du lit de la… morte (car elle était réellement morte), l’examina quelques instants, s’agenouilla et dit à Charles :

« Mon enfant, prie pour le repos de l’âme de ta malheureuse cousine ; elle n’est plus ! »

Charles pria près du curé et avec lui, et réfléchit avec chagrin à l’existence égoïste et à la mort déplorable de cette malheureuse femme que l’amour de l’or avait tuée. « Si jamais, pensa-t-il, le bon Dieu m’envoie une fortune semblable à la sienne, je tâcherai de l’employer plus charitablement et d’en faire profiter les autres. »

Le curé envoya Charles éveiller Betty et prévenir Marianne ; il se chargea de terminer le trop long sommeil de Donald par quelques secousses vigoureuses, et alla lui-même avertir le juge de paix, afin qu’il prît les mesures légales nécessaires.

Le juge alla avec le curé et avec M. Blackday, pour voir les papiers et mettre les scellés sur la caisse. Ils commencèrent par visiter les tiroirs et les armoires, dans l’espérance d’y trouver un testament ; mais ils n’en trouvèrent pas, et ils ouvrirent la caisse qui contenait le trésor. Ils constatèrent la possession de deux cent et quelques mille francs, et ils trouvèrent un papier écrit de la main de Mme Mac’Miche. Le juge l’ouvrit et lut ce qui suit :


« Pour obéir au vœu exprimé par mon cousin