Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/261

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Quelqu’un frappa à la porte ; Charles alla ouvrir. C’était Betty et le charretier Donald.

charles.

Te voilà donc enfin, Betty ! Où étais-tu ? Marianne est près de ma cousine Mac’Miche, qui est très mal.

betty.

Je le crois bien, qu’elle est mal, après ce qui est arrivé ! M. le juge est venu reprendre la clef de la caisse, pour que personne ne pût y toucher pendant la maladie de Mme Mac’Miche. Ne voilà-t-il pas qu’il aperçoit les rouleaux d’or qu’elle tenait dans ses mains ? Vu son état, M. le juge craint qu’elle ne les perde, que quelqu’un ne les lui prenne ; quand elle voit que M. le juge et l’autre monsieur vont ouvrir la caisse, elle crie comme une possédée ; le juge, qui ne se trouble pas si facilement, revient près d’elle pour lui enlever ses rouleaux et les remettre dans la caisse ; elle se débat et crie de toute la force de ses poumons. L’autre monsieur venant en aide à M. le juge, ils parviennent à lui arracher son or, qu’ils enferment dans la caisse et en emportent la clef. À partir de ce moment elle est devenue folle furieuse. Elle me faisait peur, savez-vous ? Je me suis dit que jamais je ne passerais la nuit seule près de cette forcenée qui appelait les fées à son secours, et qu’il me fallait une société, un quelqu’un. J’ai couru de droite et de gauche sans trouver personne qui voulût bien me rendre ce service. Je me désolais, j’en pleurais, lorsque j’ai rencontré ce bon M. Donald, qui veut bien, lui ;