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sanglots ! Je ne peux pas y arriver ! Je ne pourrai pas ouvrir ma caisse chérie ! Je ne saurai pas ce qu’ils m’ont volé, ce qu’ils m’ont laissé !… À deux pas de mon trésor, de ce qui fait ma vie, mon bonheur ! Et ne pouvoir y arriver ! ne pas pouvoir toucher mon or, le manier, l’embrasser, le serrer contre ma poitrine, contre mon cœur ! Mon or, mon cher et fidèle ami ! Mon espérance, ma récompense, ma joie ! Oh ! rage et désespoir ! »

Quand Betty rentra avec le médecin, ils la trouvèrent en proie à une violente attaque de nerfs accompagnée de délire. Elle ne parlait que de sa caisse, de sa clef, de son or. Le médecin examina la jambe gauche, qui ne faisait aucun mouvement ; il reconnut une fracture. Aidé de Betty, il déshabilla Mme Mac’Miche, la coucha dans son lit, fit le pansement nécessaire, mit l’appareil voulu pour que les os puissent reprendre, et recommanda du calme, beaucoup de calme, de peur que la tête ne s’engageât tout à fait.

Betty crut devoir avertir Charles et les miss Daikins de ce qui arrivait à la cousine Mac’Miche.

« Je vais profiter de son moment de calme, pensa-t-elle, pour courir jusque là-bas. »

« Vous voilà déjà de retour, Betty ? dit Marianne, qui, aidée de Charles, servait le dîner recuit, refroidi et réchauffé. Dînez-vous avec nous ?

betty.

Je ne demanderais pas mieux, bien sûr ; mais ne voilà-t-il pas que la cousine Mac’Miche a la jambe cassée à présent.