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fortune passe entre les mains de ma nouvelle tutrice.

madame mac’miche, joignant les mains.

Mais je te dis, je te répète que je n’ai rien ; rien à rendre, puisque je n’ai rien ! »

Charles leva les épaules et ne répondit pas. Marianne contemplait avec dégoût cette vieille avare, tombée à genoux au milieu de la chambre, et continuant à implorer leur pitié à tous.

La scène se compliqua par l’arrivée du juge de paix, accompagné du vieux monsieur que Charles avait vu à travers la croisée chez Mme Mac’Miche.

« Qu’est-ce, Madame Mac’Miche ? dit le juge avec ironie ; à genoux devant vos cousines ? Quel méfait, quel crime avez-vous donc commis ? »

Mme Mac’Miche resta atterrée ; elle comprit que l’attitude de suppliante dans laquelle l’avaient surprise son correspondant et le juge, déposait contre elle et la faisait préjuger coupable de quelque grande faute. Elle ne trouva pas une parole pour s’excuser.

« Madame Mac’Miche, continua le juge, je suis fâché de vous dire que, malgré vos dénégations et vos serments répétés, il paraît certain que vous avez réellement détenu à votre profit la somme de cinquante mille francs appartenant à votre cousin et pupille Charles Mac’Lance, lesquels cinquante mille francs vous avaient été confiés par le père de Charles au profit de son fils.