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— Vrai ? reprit la Mac’Miche en se remettant de son émotion. Il a donc inventé, menti ; pour me faire parler sans doute ?

— M. le juge n’est pas capable de mentir », dit Charles, qui était dans un recoin sombre de la salle, et que Mme Mac’Miche n’avait pas encore aperçu.

En entendant la voix de Charles, Mme Mac’Miche se retourna vivement et poussa un cri d’effroi.

madame mac’miche.

Le voilà !… Le voilà revenu, ce cauchemar de ma pauvre vie ! Comment s’est-il échappé ? Remettez-le là-bas ! En le recevant, vous recevez une légion de fées. Chassez-le ! Vite, vite ! Je ne veux pas de lui, d’abord.

marianne.

Soyez tranquille, ma cousine ; vous ne l’aurez pas, quand même vous le voudriez. M. le juge me l’a confié, je le garde, il est sous ma tutelle.

madame mac’miche.

Et avec quoi le nourrirez-vous ?

marianne.

Ceci est mon affaire, ce n’est plus la vôtre.

charles.

Vous savez bien, ma cousine, que vous avez cinquante mille francs qui sont à moi ; vous les rendrez à Marianne, qui est ma gardienne, et nous vivrons tous là-dessus.

— Scélérat ! menteur ! s’écria la Mac’Miche d’une voix étranglée. Marianne, ne le crois pas ; ma fille, ne l’écoute pas.