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marianne, riant.

C’est singulier que je ne m’en sois pas aperçue, ni Juliette non plus.

charles.

Vous, Marianne, vous ne me connaissez pas ; mais, pour Juliette, je suis sûr qu’elle me trouve de plus en plus sage. »

Juliette sourit, Charles la pressa de répondre ; elle finit par dire :

« Ne parlons pas du passé et songeons à l’avenir ; je parie que Charles va être tout autre avec nous qu’avec ma cousine Mac’Miche.

charles.

Je ressemblerai aussi peu à ce que j’étais que vous ressemblez peu à la vieille cousine.

marianne.

Allons ! que Dieu t’entende, Charlot ! Je ne demande qu’à te rendre service et à trouver en toi un second saint Charles. »

Au même instant, la porte s’ouvrit avec violence, et Mme Mac’Miche parut sur le seuil, à la grande terreur de Juliette, qui la devina à son souffle bruyant et au cri étouffé de Charles. Tout le monde garda le silence. Mme Mac’Miche, pâle et tremblante, s’approcha de Marianne, qui l’attendit de pied ferme.

« Marianne, dit-elle d’une voix adoucie par l’émotion, qu’avez-vous dit au juge relativement à moi ?

— Au juge ! répondit Marianne très surprise, je ne sais ce que vous voulez dire. Je ne me souviens pas d’avoir parlé au juge.