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troisième, plus épouvantable, plus criminelle, plus satanique que les deux premières, contre le chef de la maison, le maître des maîtres, contre moi-même qui vous parle, moi votre protecteur, votre père, votre ami. Oui, moi ici présent, j’ai été assailli, culbuté, renversé, écrasé, battu, inondé, crotté, enfermé par le scélérat que je cherche et que vous m’aiderez à découvrir… (Les élèves se regardent d’un air moqueur.) Oui, je vois enfin une honnête et juste indignation se manifester dans vos regards et dans vos gestes… (Les élèves crient, sifflent, trépignent.) Assez, assez, Messieurs !… Silence !… Trois punitions pour les trois méfaits ; total, neuf punitions terribles, surtout la dernière ; neuf jours de cachot, neuf jours d’abstinence, neuf jours de fouet. J’ai fini. À partir de demain, pas de récréations, travail incessant, etc., jusqu’à découverte du ou des coupables. De plus, il y aura tous les jours, à partir de demain midi, trois exécutions jusqu’à ce que toute la maison y passe, pour punir le silence. Vous avez vingt-quatre heures pour réfléchir ! »

Old Nick descendit de la chaire, passa devant les élèves et disparut ; les surveillants le suivirent. Quand les élèves furent seuls, Charles s’écria :

« Vite, vite, un dernier tour, une dernière punition à maître Boxear, qui porte si bien son nom ! »

Charles sortit de la poche de sa veste un petit pot que lui avait procuré Betty ; il sauta sur l’estrade de Boxear, et enduisit le siège avec la glu que contenait ce pot, puis il courut au cabinet