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tionnaire, etc. Voilà comme nous venons à bout des beaux parleurs (il lui tire les cheveux) des raisonneurs (il lui donne des claques) ; des insubordonnés (il lui donne des coups de règle) ; des révolutionnaires (il lui donne des coups de fouet). Allez, Monsieur, chercher un pupitre vacant. »

Charles n’avait pas poussé un cri, pas laissé échapper un soupir ; les visières du cousin Mac’Miche, qui occupaient toujours leur poste de préservation, avaient été pour beaucoup dans ce courage héroïque ; il jeta un coup d’œil dans la salle et alla prendre place près d’un garçon de son âge à peu près et qui avait des larmes dans les yeux. « Celui-ci est bon, se dit-il ; il ne me trahira pas à l’occasion. »

Le maître l’examinait avec attention ; « il ne sera pas facile à réduire, pensa-t-il ; pas une larme, pas une plainte ! Il faudra bien pourtant en venir à bout. »

« Minet ! » appela le maître. Le chat noir à l’air féroce répondit par un miaulement enroué qui ressemblait plutôt à un rugissement, et sauta sur la table de son maître. Celui-ci fit une grosse boulette de papier, la fit voir au chat, qui fit gros dos, leva la queue, dressa les oreilles, et suivit de l’œil tous les mouvements du maître, jusqu’à ce que la boulette lancée fut retombée sur la tête de Charles. Il poussa un second miaulement rauque et d’un bond fut sur la tête et sur les épaules de son ennemi, qu’il se mit à mordre et à griffer, tout