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charles.

Non, pas tout à fait ; mais voilà mon idée : nous allons découper deux têtes de diables dans du papier noir ; nous ferons des cornes et une grande langue rouge ; nous aurons de la colle, et tu colleras ces têtes sur ma peau à la place que couvraient les visières de mon cousin Mac’Miche ; quand ma cousine voudra me battre, je la laisserai m’arracher ma culotte, et tu juges de sa frayeur quand elle verra ces deux têtes de diables qui auront l’air de la regarder. »

Betty, enchantée de l’invention, se mit à rire aux éclats ; elle ne tarda pas à entendre le pas lourd de Mme Mac’Miche, qui, inquiète d’entendre rire si franchement, descendait sans bruit, croyait-elle, pour surprendre Betty en faute.

« La voilà ! mon Dieu ! la voilà ! dit tout bas Betty.

charles.

Tant mieux ! je vais préparer les diables. »

Avant que Betty eût eu le temps de demander à Charles des explications, Mme Mac’Miche entra.

« De quoi riez-vous ? Pourquoi Charles est-il ici ? Est-ce une méchanceté que prépare ce petit scélérat ?

charles.

Oh non ! ma cousine ! soyez tranquille. Je riais parce que le juge de paix m’a dit : « Tu es un vrai diable ! Je parie que tu en portes les marques. » Et moi j’ai répondu : « Ce ne serait pas étonnant, car les fées m’ont promis tout à l’heure de me