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sein de ces murailles, du fond des siècles et des générations, j’entends des voix qui n’en font qu’une, la voix des enfants, des vierges, des jeunes hommes, des vieillards, des artistes, des poètes, des philosophes, la voix des princes et des nations, la voix du temps et de l’espace, la voix profonde et musicale de l’unité ! Je l’entends ! Elle chante le cantique de la seule société des esprits qui soit ici-bas ; elle redit, sans avoir jamais cessé, cette parole, la seule stable et la seule consolante : Credo in unam, sanctam, catholicam, apostolicam Ecclesiam ! Et moi, dont c’est aussi la fête, moi, le fils de cette unité sans rivage et sans tache, je chante avec tous les autres, et je redis à vous : Credo in unam, sanctam, catholicam, apostolicam Ecclesiam ! Ah ! oui, j’y crois !

« … Quoi ! depuis dix-huit cents ans, tous les docteurs ? et tous les fidèles catholiques, tant d’hommes si divers de facultés, de naissance, de passions, de préjugés nationaux ; tous ces évêques, tous ces papes, tous ces conciles, tous ces livres, tous ces millions d’hommes et d’écrits quoi ! tous ont pensé et ont dit la même chose, et toujours ! cela est-il possible ? Mais que pensent-ils donc, que disent-ils donc ? Écoutez : ils disent qu’il y a un Dieu en trois personnes qui a fait le ciel et la terre ; que l’homme a manqué à la loi de la création ; qu’il est déchu et corrompu jusqu’à la moelle des os ; que Dieu, ayant eu pitié de cette corruption, a envoyé la seconde personne de lui-même sur la terre ; que cette personne s’est faite homme, a vécu parmi nous et est morte sur une croix ; que, par le sang de cette croix volontairement offert en sacrifice, le Dieu-Homme nous a sauvés ; qu’il a établi une église à laquelle il a confié, avec sa parole, des sacrements qui sont une source de lumière, de pureté et de charité, où tous les hommes peuvent boire la vie ; que quiconque s’y abreuve vivra éternellement, et que quiconque s’en sépare, en