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III

NOTRE-DAME DE PARIS.


Dieu me fit une grande grâce en plaçant mon entrée sérieuse dans la vie au moment où deux faits catholiques d’une portée incalculable venaient bouleverser la jeunesse de Paris et commencer, au cœur même de la France, un mouvement qui devait s’étendre au monde entier ; je veux parler de la Société de Saint-Vincent de Paul et des Conférences de Notre-Dame.

Tandis que la Société de Saint-Vincent de Paul, fondée dans une chambre haute du quartier latin par quelques jeunes étudiants catholiques, gagnait d’âme en âme, de ville en ville, de nation même en nation, et battait partout en brèche le respect humain, en présentant aux incrédules et aux railleurs la foi sous le manteau sacré de la charité, les conférences de Notre-Dame achevaient de renverser ce grand ennemi de tout bien en rapprenant aux jeunes générations le chemin si longtemps oublié de l’église. L’éloquence complétait l’œuvre de la charité. Ce fut une idée généreuse et hardie que l’établissement de conférences prêchées exclusivement pour les hommes dans la cathédrale de Paris en l’an de grâce 1835 ; mais ce fut une hardiesse bien plus grande encore que l’apparition officielle d’un dominicain dans la chaire de Notre-